Proposition 21 : Limiter la rentabilité actionnariale et réduire le poids du secteur financier
Les exigences de rentabilité sont désormais fixées par la loi de l’offre et de la demande internationale, au sein de marchés des capitaux complexes et concentrés entre les mains de quelques méga banques privées. Ce renversement du cadre financier a participé de la hausse de 10 points de la part du capital dans le revenu national par rapport au travail, laquelle est passée de 25% en 1980 à 35% en 2010. Cette hausse s’explique en partie par l’augmentation du coût financier de la propriété : la part des dividendes versés aux actionnaires est passée de 3% à 9% du revenu national sur cette même période. La contribution productive du capital n’augmente pas pour autant, au contraire, la multiplication d’intermédiaires financiers rend son usage de plus en plus coûteux. Ainsi, la finance a pris une place de plus en plus conséquente dans les économies européennes, passant de 2,3 % à 8,2 % du PIB entre 1951 et 2007.
Ce surcoût financier est évalué par certains économistes à au moins 50% du prix d’acquisition des biens capitaux. Nous proposons de mettre en place de nécessaires mesures d’austérité en direction du secteur financier, comme ce fut d’ailleurs le cas entre 1950 et 1980, période que l’économiste Carmen Reinhart qualifie de « répression financière » (financial repression). Les mesures détaillées qui suivent auront pour conséquence de ramener la part de l’industrie financière dans l’économie à des niveaux plus en phase avec son utilité économique. L’objectif étant de la plafonner à 6 % du PIB à moyen-terme.
Le versement de dividendes sera ainsi encadré. Nous mettrons en place un seuil de rentabilité actionnarial maximal de l’ordre de 6 à 8 % qui tiendra compte des plus-values lors des cessions et qui pourra augmenter avec le temps pour inciter à des stratégies de long terme. Un seuil à 10 % pourrait être envisagé si les décisions sont à l’échelle de 10 ou 20 ans. En outre, pour sortir les entreprises des crocs de la finance nous mettrons en place une taxe sur les transactions financière avec un taux de 0,3 % sur les valeurs nominales incluant les marchés de gré à gré et une assiette élargie aux opérations de change pour décourager le carry trade.
Pour aller plus loin:
- Le coût du capital, Ed. Bruno Leprince, 2014 et interventions vidéo.
- Rapport du Clersé (2013) sur le coût du capital et son surcoût
- Note de l’IPP (2014) : « La finance est-elle devenue trop chère ? ».
- Synthèse d’un article de T. Philippon (2011) évaluant le surcoût de l’intermédiation financière (en anglais).
- Article de C. Reinhart (2011) sur la période de répression financière (1945-1980).