Proposition 36 : Engager les négociations en vu d’un Partenariat Monétaire d’Equilibre (PME)

Toute politique de transition productive et de redistribution de grande ampleur telle que défendue par le Parti de Gauche qui s’interdit l’usage de la politique monétaire (dans le cadre actuel de la monnaie unique) ou néglige son potentiel (les précédents historiques d’Amérique latine ou les tentatives de « transitions socialistes » en Europe de l’Ouest) est vouée à l’échec. Ce pour deux raisons principales. D’une part, si un pays relance davantage qu’un autre, il crée des débouchés supplémentaires pour les autres pays, augmentant ainsi les importations et le déficit commercial. D’autre part, la relance crée des pressions inflationnistes qui encouragent la formation de déficits extérieurs du fait des différences de niveau général des prix entre pays.

Une politique monétaire adaptée doit donc permettre de compenser les différences d’inflation et de croissance entre pays, laissant à chaque État membre de l’Union Européenne la possibilité de mener une politique macroéconomique autonome tout en permettant aux autres pays d’en faire de même. Le taux de change n’est pas un objectif à atteindre (« l’euro fort ») mais redevient un instrument de politique économique, ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être.

Si la BCE refuse de se réformer et prétend nous obliger à mener une politique néo-libérale pour rester dans la zone euro, nous construirons d’autres solidarités, fondées sur un nouveau rapport de forces. Nous souhaitons ainsi proposer à nos partenaires européens la mise en place d’un « Partenariat Monétaire d’Equilibre » faisant le bilan critique du défunt SME. La banque centrale de cette zone monétaire réformée aurait pour objectif de stabiliser les taux de changes intra-européens pour limiter les différences d’inflation entre pays. Un glissement progressif du taux de change suivant les différences d’inflation, reposant sur un engagement crédible à maintenir l’équilibre permanent des échanges entre pays, empêcherait les mouvements spéculatifs entre pays de la zone euro. Il n’y aurait plus de gains ou de pertes à détenir une monnaie plutôt qu’une autre au sein de la zone. La banque centrale de la zone monétaire assurerait la parité des taux de change réels entre les différentes monnaies de la zone en tenant compte de l’inflation de chaque pays.

Une politique de relance en France, même si elle est isolée en Europe, ne conduirait donc plus aux écueils de 1982. La hausse des salaires ne rendrait pas nos produits moins compétitifs à l’international car l’inflation engendrée serait compensée par l’évolution glissante des taux de change.


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