Non au travail le dimanche ! Oui à la hausse des salaires !

dimanche travail

Face à l’offensive patronale et médiatique contre le travail du dimanche et pour déréguler les horaires, Boris Bilia et Sylvie Aebischer rappellent que la question des horaires est bien un choix de société et qu'il est dangereux économiquement et socialement de voir le droit du travail sacrifié sur l’autel de la surconsommation.

ll est mensonger de dire que la France interdit le travail le dimanche comme le prétendent certains. Le travail le dimanche est déjà trop développé : en 2010, selon l’INSEE 6,4 millions de personnes travaillent le dimanche au moins occasionnellement, soit plus du quart de la population active. Le vrai enjeu est donc de limiter les exceptions à la règle du repos dominical !

1) Le travail du dimanche est un outil de casse du droit du travail et de précarisation des salariés

Le travail du dimanche est une véritable attaque contre les droits des salarié-e-s. La règle du repos hebdomadaire dominical date d’une loi de 1906 et a été instaurée dans un souci de protection de la santé et de la sécurité au travail, notamment suite aux revendications et aux grèves des mineurs. Il est fondamentalement une brèche dans le droit du travail pour imposer une dérégulation des horaires et s’accompagne de l’extension des horaires en journée, notamment les horaires de nuit. A qui profite-t-il ? Aux grandes enseignes qui imposent aux salariés des emplois aux horaires morcelés, avec une amplitude horaire maximum et des revenus minimum. Le travail du dimanche est un outil de la précarisation des salariés !

Comme le travail de nuit, le travail du dimanche pose aux salariés des problèmes de vie quotidienne insolubles. Le travail de nuit a un impact sur la santé qui se traduit par des maladies graves et la diminution de l’espérance de vie en bonne santé.

2) Le travail du dimanche ne crée pas d’emploi ni ne relance l’activité

L’ouverture des commerces le dimanche n’a pas d’effet bénéfique sur l’emploi ou l’activité.

Elle ne change rien à la consommation : ce n’est pas parce qu’un magasin est ouvert un autre jour que les achats vont augmenter. C’est un simple transfert dans le temps. Ils restent toujours bornés par les bas salaires et le pouvoir d’achat.

Elle n’a pas plus d’effet sur l’emploi : le magasin Virgin des Champs-Élysées avait généralisé le travail du dimanche… et est passé de 407 emplois à 237 entre 1991 et 2005, avant de fermer ! Pire le travail dominical risque même de détruire l’emploi dans le petit commerce. Une étude commandée par Renaud Dutreil, ministre du commerce en 2006 concluait ainsi à la perte de 200 000 emplois dans les commerces de proximité en cas de généralisation de l’ouverture des magasins le dimanche ! Une des raisons pour laquelle même la CGPME est contre l’extension du travail du dimanche…

Cette fois, les libéraux ne nous demandent pas de prendre exemple sur l’Allemagne, et pour cause : la Bavière est la zone la plus prospère d’Europe et affiche un très faible taux de chômage. Pourtant les horaires des commerces y sont les plus contraints en Europe !

3) Le travail du dimanche est majoritairement subi et mal indemnisé

Vous entendre toujours citer l’exception « il y a des salariés qui choisissent », « moi je préfère travailler le dimanche ! ». Mais globalement ces horaires dérégulés les salariés les subissent comme un chantage à la survie pour conserver leur emploi ou augmenter leur salaire. Parce que ce travail du dimanche touche généralement des employés précarisés, souvent faiblement diplômés, en temps partiel imposé. La grande distribution par exemple se distingue par un salaire moyen parmi les plus faibles (environ 1 300 euros par mois) et par le recours intensif et imposé au temps partiel (60 % de salariés à temps partiel)

Contrairement aux idées reçues, la loi ne garantit pas le droit à majoration salariale et un repos compensateur en cas de travail le dimanche. Cette garantie légale n’existe que pour les 5 dimanches autorisés par arrêté municipal (double salaire et 1 jour de repos). Tous les autres cas dépendent de l’existence ou pas d’accords conventionnels. Par exemple dans l’ameublement, qui peut ouvrir tous les dimanches depuis l’amendement Debré (dit « Confokéa » en 2008), la convention collective ne prévoit pas d’indemnisation, les salariés concernés y travaillent donc le dimanche pour un salaire normal ! À terme, si la logique actuelle se poursuit, les majorations restantes risquent même de disparaître comme ça a été le cas aux Etats-Unis ou dans les zones touristiques en France.

4) Parlons plutôt salaires et partage des richesses : c’est bien d’un choix de société qu’il s’agit !

Au fond ce débat sur le travail du dimanche n’est jamais qu’une offensive de plus du patronat et de la droite pour combattre nos acquis ! Si de grandes enseignes préfèrent payer des amendes plutôt que de respecter la législation, c’est qu’elles s’enrichissent ! Ces grandes enseignes auraient largement les moyens d’augmenter les salaires plutôt que de forcer les salariés à travailler le dimanche. Leroy Merlin appartient par exemple à la famille Mulliez qui est aussi à la tête du groupe Auchan, de Décathlon, et de la 3e fortune de France avec 19 milliards d’euros !

Une réelle relance de l’activité se base sur l’augmentation de tous les salaires : Pour que les salariés ne soient plus obligés de travailler la nuit ou le dimanche pour survivre, il faut augmenter les salaires !? Le SMIC à 1700 brut par mois, c’est possible !

Le repos dominical est en outre un pilier de notre organisation sociale : c’est d’un choix de société dont il s’agit ! Bien vivre, c’est avoir le temps d’être en famille ou entre amis, d’avoir du temps de loisir autre que celui d’être obligé de faire ses courses le dimanche. Notre logique, c‘est l’humain d’abord, pas la course effrénée à la consommation !

Boris Bilia, membre de la commission économie du PG.

Sylvie Aebischer, Conseillère d’arrondissement PG, Paris 20e

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

*