Rapport Duron : le démantèlement du service public ferroviaire s’accélère, les usagers et le climat en sont pour leurs frais

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Décidément rien ne nous aura été épargné par le pouvoir socialiste. Un nouveau mauvais coup se prépare mais cette fois ce n’est ni à l’Elysée, ni à Matignon mais dans l’ambiance feutrée du palais Bourbon. La commission chargée de l’avenir des lignes d’équilibre du territoire (TET-Intercités) propose la suppression de plusieurs dessertes du réseau Intercités et celle des trains de nuit. C’est donc une nouvelle étape dans le démantèlement du service public ferroviaire qui se prépare après la loi de juillet 2014 qui prétend réunifier la SNCF et qui facilite la mise en concurrence des lignes intérieures à partir de 2019 suite à l’entrée en vigueur du 4e paquet ferroviaire européen.

Et pour quelle raison ? Parce que ces lignes Intercités ne sont pas rentables, elles afficheraient un déficit de 340 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 1 Md d’euros (10 Mds pour l’ensemble TGV+TET+TER). Passons sur le fait que l’Etat s’est fait verser un dividende de 200 millions d’euros en 2014 par la SNCF alors même que l’entreprise publique présentait une perte nette de 180 M€ ; tout cela alors que le banquier Emmanuel Macron prétend lutter contre le capitalisme naïf et défend l’investissement de long terme. Quelle hypocrisie…

Mais le député UMP Dominique Bussereau, ancien fossoyeur des Transports publics sous le mandat de Nicolas Sarkozy, confesse à l’Usine nouvelle la triste vérité: « la plupart des lignes sont non rentables parce que l’on a fait en sorte qu’elles ne le soient pas. Si vous réduisez l’offre au minimum et que vous la rendez inconfortable, ce n’est pas étonnant ». La direction de la SNCF et l’Etat sont responsables du sous-investissement chronique dans l’entretien et la maintenance de ces voies ferrées qui avait provoqué l’accident de Brétigny-sur-Orge en juillet 2013. Et cela alors même que depuis des années nos gouvernants multiplient les lignes TGV parfois dans des conditions de financement scandaleuses (ligne Tours-Bordeaux en PPP). Résultat de ce mauvais entretien des lignes et des rames : accumulation de retards et des usagers qui renoncent au train.

L’offensive est donc concertée entre le gouvernement, les parlementaires socialistes et la direction de la SNCF contre le service public et son corollaire : la péréquation entre activités rentables et non rentables. Après la loi Macron qui libéralise le transport intérieur par autocar permettant dès cet été à de grosses compagnies privées comme Eurolines ou Megabus d’ouvrir des centaines de lignes, la commission Duron propose de supprimer une partie des lignes Intercités. Certes, le rapport Duron demande, en cohérence avec ce que préconise le Parti de Gauche depuis longtemps, un investissement important pour améliorer la qualité du service sur les lignes maintenues. Mais, en ne revenant pas sur la libéralisation prévue du transport par autocar et en ne pensant pas l’autocar en complémentarité du ferroviaire mais en concurrence, les recommandations de cette commission conduisent à long terme à la fermeture de toutes les lignes Intercités. La logique est implacable: la SNCF va pouvoir se recentrer sur les TGV qui génèrent du cash en continuant la hausse de ses tarifs et les habitants des zones rurales et périurbaines seront soit obligés de prendre l’autobus quand cette possibilité existe c’est-à-dire quand elle sera rentable, soit de prendre la voiture, soit pour une partie des plus pauvres de ne pas se déplacer du tout.

A l’heure où la France s’apprête à accueillir la COP 21, les gesticulations de nos élites sur la lutte contre le réchauffement sont non seulement grotesques mais criminelles: abandon de l’éco-taxe, libéralisation du transport en autocar entre les grandes villes, démantèlement de la SNCF, enclavement des territoires à l’écart des grandes métropoles.

Commission économie du Parti de Gauche

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