Il faut nationaliser Alstom

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Le conseil d’administration d’Alstom vient d’approuver, à l’unanimité, l’offre ferme de General Electric de lui racheter ses activités énergie, pour 12,35 milliards d’euros. Alstom se laisse tout de même encore un mois pour examiner les autres offres, notamment celle de Siemens. Le rachat d’Alstom Energie par le groupe nord-américain serait une catastrophe pour notre pays.

La quasi-totalité de la production énergétique française dépendrait désormais de brevets et de moyens de production étatsuniens. 80% des centrales hydroélectriques et thermiques sur notre territoire sont équipées par Alstom, qui permet donc à la France d’avoir une autonomie technologique. S’il est racheté par General Electric, Alstom sera démantelé, comme le prouvent les innombrables exemples historiques de ce type : Péchiney racheté par Alcan, Arcelor par Mittal ou Gemplus par des fonds d’investissements américains… Les salariés d’Alstom Energie vont être aux mains d’un patron dont les méfaits sont connus. Entre 2008 et 2011, General Electric a fermé 31 usines aux Etats-Unis et licencié 19 000 personnes tandis que Jeff Immelt perçoit chaque année une rémunération de 20 millions de dollars. Quel avenir pour les 20 000 salariés français livrés à ce patron qui appelle Ronald Reagan « mon héros » ? Et quel avenir pour la France, alors que les Français sont en train de perdre un géant énergétique qui aurait pourtant pu être un outil très puissant pour faire bifurquer notre économie vers l’écosocialisme, d’autant plus qu’Alstom possède des pépites technologiques en termes d’énergies renouvelables.

usine_alstom.jpgLa faute au coût du capital et à la BCE

Alstom dépend considérablement des investissements publics français et étrangers. La politique de la BCE l’a mené dans le gouffre. Le refus absolu de la banque centrale de soutenir une relance de l’activité conduit à la fois à la chute des exportations d’Alstom en lien avec la surévaluation de l’euro, et à la diminution de ses ventes en Europe à cause de l’effondrement de la demande publique. En France, l’impossibilité pour le Trésor public de s’endetter directement auprès de la BCE limite ses marges de manœuvres financières, ce qui aboutit à l’effondrement des commandes publiques de parc éoliens, de trains, de bus, etc. A l’inverse, General Electric se porte bien, car il bénéficie du soutien de la FED (banque fédérale américaine) qui n’hésite pas à lui faire des prêts directs par l’intermédiaire de la banque détenue par le géant américain de l’énergie. Par ailleurs, les problèmes d’Alstom ont été aggravés par le coût du capital et la logique purement financière de ses actionnaires.
Plutôt que d’expliquer cela, la presse préfère, comme d’habitude, répéter que l’Etat ne peut rien TGV_alstom.jpgfaire pour sauver Alstom, qui serait victime de la loi du marché. Le journal néolibéral Le Monde en profite même pour dérouler dans un éditorial consternant sa ligne idéologique, en répétant que l’Etat ne doit intervenir qu’« en arbitre, en quelque sorte, pour faire respecter les règles, non pour les édicter. » Le groupe Alstom dépend des investissements publics, l’Etat peut donc le sauver.

Du côté du gouvernement, on prétend pourtant que seulement deux solutions existent : l’offre de General Electric et celle de l’Allemand Siemens. Cette dernière est présentée par Arnaud Montebourg comme devant permettre la constitution d’un «géant» énergétique européen, sur le modèle d’Airbus. Seulement, la situation actuelle n’a rien à voir avec celle qui a permis la coopération aéronautique entre la France et l’Allemagne. Vu la concurrence actuelle entre nos deux pays, la différence de nos modèles sociaux et économiques, nous n’avons aucun intérêt à donner à l’Allemagne notre technologie énergétique. Qu’Arnaud Montebourg ose se prétendre « patriote » en soutenant une telle offre de rachat en dit long sur le mépris absolu qu’a notre gouvernement pour la souveraineté populaire.

Presence_Alstom_en_France.JPG Nationaliser Alstom, une nécessité

Contrairement à ce qu’affirme François Hollande, l’Etat n’a pas juste « son mot à dire ». Il doit décider de nationaliser Alstom, en rupture avec les directives européennes. C’est aussi cela que nous dirons par notre vote pour le Front de Gauche aux élections européennes du 25 mai. Pour avoir une politique énergétique tournée vers l’écosocialisme, il faut créer un véritable pôle public de l’énergie, et donc refuser l’application des directives européennes qui nous interdisent les nationalisations nécessaires à sa création. Les Français l’ont bien compris : selon un sondage BVA, ils sont 55% à souhaiter une nationalisation d’Alstom, suite à la proposition de Jean-Luc Mélenchon. Celle-ci coûterait autour de 12 milliards d’euros, un faible montant par rapport au 40 milliards d’euros de cadeaux fiscaux sans contrepartie accordés cette année au patronat par le gouvernement.

A minima, et dans l’urgence pour peser dans les négociations, la France devrait racheter à Bouygues les parts qu’elle lui avait cédées en 2006, soit 21,4% du capital. Sur le long terme, il faut nationaliser Alstom, car c’est une entreprise stratégique et ses difficultés ne sont pas conjoncturelles. La direction d’Alstom pourra ainsi faire des projets de long terme et des alliances avec des PME et des PMI innovantes. La nationalisation d’Alstom pourrait être le signal envoyé aux investisseurs internationaux que la France refuse la politique européenne énergétique qui démolit notre avenir. Si l’Union européenne poursuit sur sa voie mortifère, c’est bientôt l’ensemble des grands opérateurs tels GDF Suez, RWE ou EDF qui seront démantelés et qui feront perdre à L’Europe son autonomie énergétique au profit des Etats-Unis. Ce rachat d’Alstom préfigure le grand marché transatlantique, qui permettra aux multinationales nord-américaines d’officier librement au mépris des législations nationales. Il est donc urgent de rompre avec la politique énergétique européenne ainsi qu’avec l’ensemble des traités de l’Union européenne.

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