Effets de l’austérité sur les chiffres du chômage.

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L’austérité est la cause première de la hausse du chômage en France et en Europe. Depuis le début de la crise en 2008, le nombre de chômeurs a augmenté de 8 millions en Union Européenne (10 millions si l’on inclus les travailleurs découragés) pour atteindre 25 millions de personnes en 2012 (27 millions si l’on inclus le nombre de découragés).

Ce que montre une récente étude de l’OFCE, c’est que plus l’austérité est austère, plus la différence entre ce que le pays pourrait produire et ce que le pays produit augmente, ce que les économistes appellent « l’output gap » (figure 3). En retour, un output gap élevé explique un taux de chômage élevé du fait de la sous-utilisation des capacités de production des entreprises. Une autre façon de dire que la crise est une crise de la demande, pas de l’offre. Les cadeaux fiscaux aux entreprises n’auront donc aucun effet. Entre 2008 et 2012, le chômage a augmenté d’environ 2.5 points en France, 4 points en Italie, 10 points en Irlande ou 15.5 points en Espagne (table 1). Ces hausses s’expliquent clairement par la baisse de l’activité :

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En outer, plus le marché du travail est libéralisé (« flexible »), plus la hausse du chômage est forte : la hausse du chômage est aussi dramatique en Espagne qu’en Grèce (+ 15 points) malgré une baisse du PIB plus de deux fois moindre en Espagne. Pourquoi ? Car le marché du travail est plus « flexible » en Espagne. La Fed (banque centrale américaine) le reconnaît elle-même dans une note de novembre 2012.

Depuis 2008, les jeunes sont deux fois plus touchés en moyenne par la hausse du chômage : hausse de 5 points en Europe pour les 15-29 ans contre 2.5 points pour le reste de la population en âge de travailler. Le « Président de la jeunesse » Les retombées sur les jeunes du plan d’austérité à 60 milliards de Hollande seront donc désastreuses.

La hausse du chômage entraine une hausse du chômage de longue durée : 60% des nouveaux chômeurs deviennent ensuite des chômeurs de longue durée (au chômage depuis plus d’un an), selon le rapport 2012 de l’IAGS. Les chômeurs de longue durée sont passés de 4% à plus de 9% de la population active en zone euro (12% dans l’Europe des 27). Rien que pour l’année 2013, l’IAGS prévoit une hausse de 2 millions du nombre de personnes au chômage depuis plus d’un an pour un total de 12 millions de personnes. Un véritable gâchis quand on sait que plus une personne reste longtemps au chômage, moins elle a de chance de retrouver un emploi à l’avenir.

Par ailleurs, de nombreuses études ont montré que les nouveaux entrants sur le marché du travail en période de récession sont moins bien payés et restent moins payés en moyenne sur l’ensemble de leur carrière (-15%). La politique actuelle conduit donc à un gâchis social et humain considérable.

Le cas de la France

Depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir, la France n’a pas connu un seul mois avec une hausse du chômage inférieure à 20 000 personnes. Sans même compter les chômeurs de catégorie B et C, la hausse a été de 47 000 en septembre et 45 500 en novembre, soit 1500 chômeurs de plus par jour ces tout derniers mois.

Le chômage au sens du BIT atteint 2.8 millions de personnes en France métropolitaine (10%) mais 3.1 millions de personnes sont inscrites à Pôle Emploi. En 2013, le taux de chômage devrait atteindre 11% de la population active. Si l’on prend le chiffre des personnes souhaitant travailler mais ne travaillent pas (lequel inclut les découragés de la recherche d’emplois), on arrive à 3.6 millions de personnes. Enfin, si l’on ajoute les personnes en sous-emploi (temps partiel subi, chômage partiel, etc. c’est à dire catégories B et C), on arrive à un total de 4.6 millions de demandeurs d’emploi (pour une population en âge de travailler de 37 millions).

Le chômage de longue durée touche de plus de plus de personnes. Le nombre de personnes inscrites à Pôle Emploi depuis plus de 3 ans a augmenté de près de 25% en un an. De plus en plus de chômeurs sont désormais en fin de droits. Le nombre de bénéficiaires de l’allocation spécifique de solidarité (ASS), versée aux chômeurs en fin de droits, a augmenté de près de 15 % en un an. Plus d’un million de personnes doivent se contenter des minima sociaux, ce qui se traduit par une baisse brutale des revenus (en moyenne divisés par deux selon le Ministère du Travail) et détériore encore un peu plus la consommation et la croissance.

Sandro Poli, co-président de la Commission économie du PG.

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