Proposition 14 : Socialisation progressive et copropriété

L’imposition du capital est nécessaire car elle permet d’atténuer l’influence de l’inégale répartition des patrimoines sur la dynamique des revenus. Mais elle n’est pas suffisante. Nous proposons de passer d’une entreprise oligarchique à une entreprise véritablement démocratique, seul façon de modifier durablement le partage de la valeur ajoutée au sein des entreprises. Le capitalisme contemporain impose aux salariés ce qu’ils doivent produire, comment, pour qui, à quelles fins. Ce scandale démocratique au coeur du mode de production doit cesser.

Une entreprise démocratique permet d’économiser beaucoup, et de gagner énormément. La transparence complète de l’information et la responsabilité des postes limite le stress au travail (harcèlement sexuel, mise en danger, agressions…) tandis que le contrôle des horaires améliore les conditions de vie en-dehors du travail, notamment pour les femmes. Toute rémunération exorbitante devient directement un coût pour l’ensemble des salariés copriopriétaires. L’épanouissement au travail et la qualité des produits est largement améliorée par les incitations collectives à mieux travailler, l’implication supérieure dans le travail, le lien entre le succès de l’entreprise et les salaires. La recherche d’innovations quotidiennes augmente. Enfin, l’entreprise démocratique limite les ordres absurdes et coupés du réel ou des dépenses de supervision.

Sur le long terme, seule la socialisation progressive du capital dans l’entreprise peut permettre de renverser durablement la dynamique d’accumulation du capital sur la répartition des richesses. Cette socialisation permettra de modifier l’évaluation de la performance des entreprises et de les orienter vers les préoccupations stratégiques salariées et nationales grâce à des critères de gestion démocratiques (qui doivent être orientés vers l’activité, la production utile, et l’efficacité énergétique) et soumis à délibération.

Nous mettons ainsi en avant une proposition de socialisation par les profits permettant l’attribution progressive de titres de copropriété aux salariés. Elle mettra fin au privilège fondateur du capitalisme par lequel la totalité du capital accumulé par l’entreprise appartient unilatéralement aux actionnaires. Elle rompra avec ce vol légal en conférant la propriété d’une part croissante du capital aux salariés en tant que collectif de travail, au prorata de la contribution du travail aux richesses produites.

Aujourd’hui, la captation de la rente capitalistique par les actionnaires impose la subordination et la forte individualisation des parcours professionnels, au détriment du bien être des salariés et de l’efficacité économique. La socialisation du capital productif, c’est pousser la République jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à l’entreprise, et de permettre ainsi à chacun de s’épanouir dans son travail en sortant de l’aliénation capitaliste.


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